La Banque Africaine de Développement définit la classe moyenne comme étant celle dont le pouvoir d’achat journalier per capita se situe entre 2 et 20 dollars.
Cette classe moyenne angolaise est stratifiée en trois sous-catégories : la classe moyenne flottante, avec un pouvoir d’achat par jour et par personne estimé entre 2 et 4 dollars, la classe moyenne inférieure installée, avec un pouvoir d’achat entre 4 et 10 dollars, et la classe moyenne supérieure, avec un pouvoir d’achat entre 10 et 20 dollars.
Comment la sortie d’un conflit de plusieurs années influence-t-elle les pratiques alimentaires de ces classes moyennes ?
L’analyse socio-anthropologique
Nous avons analysé les effets de la mobilité des classes sociales produite par la conjoncture post-conflit sur les pratiques alimentaires de la classe moyenne à Luanda.
L’accent étant mis sur la classe moyenne inférieure installée et sur les pratiques alimentaires des individus appartenant à cette classe, nous avons analysé en détail leurs modes de vie et leurs préférences alimentaires ainsi que leurs représentations et leurs habitudes de consommation.
Cette relation entre le contexte et les pratiques alimentaires s’est articulé autour de quatre questions :
- Dans quelle mesure l’expérience de guerre des parents influence les choix de consommation alimentaire des enfants nés après le conflit ?
- Inversement, dans quelle mesure les opportunités qui émergent avec l’arrivée de la paix, favorisant un éventuel reclassement social, promeuvent, diffusent ou incitent à un nouvel ethos de la consommation, notamment en termes alimentaires ?
- Comment, et avec quels effets sur les pratiques alimentaires des enfants, ce nouveau savoir-vivre est approprié par la classe moyenne ?
- Comment s’établissent les relations d’influence entre adultes et enfants dans le domaine des habitudes alimentaires ?
Méthodologie
Nous avons réalisé :
- Plusieurs dizaines d’entretiens avec des familles appartenant à la classe moyenne, parmi lesquels six double-entretiens ;
- Des entretiens téléphoniques avec des familles appartenant à la classe moyenne inférieure installée, portant sur leurs représentations ;
- Des focus groups avec des personnes appartenant au public-cible suite à la réalisation de 13 questionnaires ;
- Des déjeuners d’observation au domicile de familles de la classe moyenne inférieure ;
- Des animations ludiques avec des enfants des familles de la classe moyenne inférieure ;
- Des observations dans des "activités temps libre" et des recueils de témoignages de directrices de ces centres de loisirs, portant sur les habitudes alimentaires des enfants de la classe moyenne.
Vous pouvez consulter le sommaire du rapport en ligne.
Le projet photographique
« Au lieu de porter mon regard sur les individus eux-mêmes, j’ai pris le parti de me tourner vers les signes et particularités de leur alimentation : les lieux où l’on se procure les aliments, avec les différents choix et esthétiques d’agencement ; les repas, que j’observe vus du dessus afin de percevoir les différentes habitudes sociales ; les images publicitaires que consomme la société angolaise afin d’y relever les symboliques récurrentes.
Si les modes de vie ont certes évolué en Angola depuis la guerre civile, il ne semble pas garanti que la classe moyenne soit l’avenir du pays. Comme partout ailleurs, certains sont indéniablement de plus en plus riches. Mais la généralisation d’un consommateur repu et satisfait semble imputée davantage à l’imagerie publicitaire qu’à la réalité sociale visible au coin de la rue. »
Les récits journalistiques
En parallèle du travail analytique et de la création visuelle, un journaliste a rédigé quatre articles, visant à décrire des moments-clés et représentatifs du quotidien des classes moyennes ayant trait à leurs pratiques alimentaires et mis en exergue par les travaux des experts et de l’artiste visuel.
Ils sont publiés et disponibles ici :